Comment expliquer la thérianthropie à tes proches ?

Je t’invite, du coup, à montrer cette publication à la (ou les) personne concernée, j’essayerai -du mieux possible- de lui expliquer ce qu’est l’alter-humanité. Bonne lecture à vous deux !

(Attention : je tiens à préciser que je ne cherche pas à te convaincre de parler de thérianthropie à tes amis ou à ta famille. Parfois, dans certaines situations, il vaut même mieux ne pas dévoiler cette identité qui peut paraître "étrange" aux yeux de beaucoup. Tout le monde n'est pas apte à comprendre ni à respecter ce ressenti. Assure toi en amont que les personnes à qui tu veux dévoiler ta thérianthropie soient bienveillants. Prend le temps de réfléchir, évalue le pour et le contre. Si tu es VRAIMENT sûrs de ta décision, ce texte pourra sûrement t'aider !)



Hey toi ! Tu vas bien ? J'espère que oui ! Moi, ça va super !
Je vais me présenter en quelques mots : je m’appelle Ammalie, j’ai 26 ans et, si je suis là, c’est pour te parler de quelque chose d’important.

En effet, si tu es ici, c’est que -j’imagine- l’un de tes potes, camarade, ami ou encore un membre de ta famille… t’a révélé qu’il (ou elle) était thérianthrope (ou également appelé "thérian" pour faire plus court).


Thérianthrope ? Tu demandes ce que c’est et si ça se mange ?

Pas de soucis, je suis là pour ça ! Je suis moi même thérianthrope blaireau européen et je baigne dans la communauté depuis 8 ans. Je pense être assez qualifiée pour parler thérianthropie et te faire découvrir cet univers.
Et comme on fait bien les choses, je vais tout t’expliquer !


Thérianthropie ? Ckoica ?

Il s’agit d’un terme signifiant “animal-humain’ un mot qui date du grec ancien. Aujourd’hui, cependant, il a –plus ou moins-changé de sens.

Il a été mentionné dans les années 90 sur le web anglophone pour parler d’une personne qui se sent –réellement– animal. Oui oui !

En effet, aujourd’hui, le terme est utilisé pour désigner :
“Un individu s’identifiant profondément et constamment en tant qu’animal terrestre non-humain (dont les animaux disparus) en plus de son humanité. On dit que cette personne est un thérian."

C’est ainsi, ce n’est pas un choix ni une "connexion animale", c’est une identité. Un ressenti réel et permanent. L’animalité est quelque chose d’ancrée dans la psyché de l’individu. C’est un fait et c’est tout, on ne peut nier le ressenti de ton camarade.

Donc, si tu as bien suivi, ton proche est donc un thérian.

Bizarre tu dis ? Cela te semble obscure ? Tu te demandes dans quelle secte il est tombé ? Laisse moi terminer ! Tu vas tout comprendre !


Comment ton ami vit son "animalité", sa thérianthropie ?

Il s’agit d’un ensemble de ressentis et d’expériences qui amènent ton proche à sentir avoir une certaine non-humanité en plus d’être un Homo Sapiens (plus ou moins). Des expériences que la personne vit au quotidien. Certaines de ses choses peuvent être liées à une cause psychologique : neuroatypie comme l’autisme, à des traumas psychologiques ou encore même quelque chose de neurologique… Pour d’autres, il s’agit d’une cause plus spirituellement comme une histoire d’ésotérisme, de souvenirs d'une vie antérieure et de réincarnation. Tout dépend des croyances de l’individu mais l'identification reste autant présente et légitime. Au final, ton proche a dû, alors, chercher l’animal qui lui correspond le plus en fonction de son vécu, de ses actes, de ses sentiments, de ses pulsions et de ses ressentis afin de pouvoir les nommer en un ensemble cohérent. C'est une recherche identitaire longue qui peut prendre des années : on ne se réveille pas un matin en disant "Je suis un kangourou !" Très souvent, la personne concernée sait déjà qu'elle est "animale" avant même de découvrir la thérianthropie !

Il a rassemblé ses expériences sous la forme de “je suis comme ci, je suis comme ça, je ressens ceci… je suis intérieurement telle bestiole”. Cela ne l’excuse pas de mal se comporter en société ! C’est juste une manière de vivre sa non-humanité.

Il y a beaucoup de loups dans la communauté… mais aussi des rats, des cygnes, des chiens, des loutres, des crocodiles… bref, un peu de tout (et pas forcément des animaux extraordinaires). Je suis un blaireau, comme quoi (même si je suis triste de sa réputation) ! Il existe aussi des personnes s'identifiant en tant que créatures fantastiques (les otherkins) mais ce n'est pas le sujet ici.

/!\ Cependant, si ton proche pense pouvoir littéralement se transformer en une créature. Il peut s’agir de lycanthropie clinique et nécessite des soins. Mais ce n’est pas le cas ici : les thérians sont lucides et n'ont pas de "super pouvoirs". /!\


Alors, à quoi ressemble sa thérianthropie au quotidien ?
Tu te demandes si ton proche urine dans la rue et sent le derrière des passant ?

Absolument pas. Ton proche a totalement conscience de sa réalité physique, de la société dans laquelle il vit, de son éducation également. Quoi qu'il arrive, il aura toujours conscience de son corps humain : il est ni dans un délire, ni dans le déni.

Nous sommes tous des humains et également tous des animaux. Même les individus non-thérian ont des attitudes et comportements qu’on peut définir de pulsions et d’instinctifs. Cependant, les thérians ont une animalité différemment humaine –en quelque sorte-. Au lieu de hurler, il peut grogner. Au lieu de taper, il peut mordre et griffer. Etc. Tu peux, également, toi aussi japper et montrer les “crocs” sans pour autant te définir comme thérian. Et cela fait toute la différence.

Ton pote pourra vivre des variations de son alter-humanité. Se sentir très [Insérer un animal] ou très humain suivant les moments. Cela s’appelle un shift. Dans ces cas, ton proche garde toujours toujours toujours conscience de son (ou de sa part d’) humanité. Il ne faut pas l’oublier. Il peut s’amuser à mordiller, à couiner, hurler ou bondir (et pleins d’autre). Quelque soit son comportement, cela n’excusera jamais une quelconque violence ou comportement inapproprié en public.

Il arrive également, à l’image des personnes amputées, que ton proche ait la sensation de membres fantômes surnuméraires correspondant à un corps non-humain (même si ce n'est pas obligatoire).
Par exemple, ton proche peut ressentir une queue, des oreilles, des ailes… et nommera son thériotype (animal auquel il s’identifie) en fonction de l’animal qui résume au mieux ses expériences. Bien entendu, ses membres fantômes n’interagissent pas avec le monde physique. Ce ne sont que des sensations mentales. Il ne pourra pas s'envoler avec ses ailes immatérielles ou déchirer les rideaux à coup de griffes invisibles. Il peut être gênant, pour ton proche, qu’on touche sur son visage là où il est censé sentir des vibrisses (moustaches de chat, par exemple) mais je doute qu’il puisse ressentir une réelle douleur. Au final, on ne sait pas trop d'où ça vient, mais c'est là et on ne peut le nier. Par ailleurs, une personne thérian ayant une jambe amputée à certifié que les deux sensations sont très similaires.

Ton proche peut également avoir des sens (odorat, vu, touché, gout, ouïe…) plus aiguisés que la moyenne (ou les sentir/percevoir plus aiguisés). Il peut attribuer ces perceptions sensorielles à son animal. Cela peut faire parti de son sentiment d’être un animal non-humain. C'est pour ces raisons qu'ils n'est pas rare de voir des personnes sur le spectre autistique dans la communauté : ces personnes ont souvent une hypersensibilité sensorielle importante.

Il peut aussi faire des rêves où il se voit changé en son animal. Cependant, on peut très bien faire ce genre de rêves et ne pas être alter-humain du tout. C'est à lui de voir ce qu'il ressent.

Ton proche peut aussi être, en plus de thérian, Furry. C’est-à-dire : Aimer dessiner, faire vivre et parfois même se déguiser en créatures anthropomorphique à des occasions spéciales comme des conventions. Il ne faut pas confondre les deux. L’un est une réalité personnelle, l’autre un jeu. On peut être Furry sans être thérian et vice versa. C'est aussi simple que ça.


Au final, comment s’exprime la relation de ton proche avec son animal ?

Ton proche pourrait avoir une affinité importante avec l’animal en question (tout dépend des individus). Parfois, tout se passe par des ressentis intérieurs que la personne n'a pas forcément besoin d'exprimer au grand jour. D'autres aiment beaucoup se renseigner sur leur thériotype (leur animal, si vous avez bien suivi !), il peut beaucoup lire, regarder des documentaires ou aller aux musées d'histoire naturelle car c'est un peu comme se documenter sur ce qu'il est réellement. S'il est de nature passionnée (comme moi) il peut, par exemple, collectionner toutes choses en lien avec son thériotype (après, je suis dans l'extrême avec toutes mes peluches, mes figurines et autres babioles autour des blaireaux européen). Tellement de choses au final. Parfois, il aura envie de faire vivre son alter-humanité en plein jour. S’amuser à faire l’animal avec ses potes thérians (ou ses amis compréhensifs). C’est parfois du jeu de rôle afin de mieux intégrer son identité (et non pas un "jeu de rôle" tout court). D’autres fois, il s’agit de pulsions et instincts. Bien entendu, je me répète mais tu ne verras jamais ton ami marcher à quatre pattes dans la rue en aboyant sur les chiens qu'il croise.


Attention : Je reprécise que l'ont peut très bien aimer les animaux, collectionner les posters de loups et jouer à l’animal sans être thérian. La thérianthropie est, avant tout, une réelle et profonde identité. Elle est peut-être bizarre mais elle est là, présente au quotidien. Ce n'est pas un jeu, une passion ou une lubie : c'est ce qu'est profondément la personne. Un thérian ne va pas le devenir en claquant des doigts... ni faire disparaitre son identité : c'est une perception mentale permanente au quotidien. La thérianthropie ne "s'attrape" pas et ne se "guérie" pas, c'est là et c'est tout... au même titre que notre personnalité, nos goûts ou même notre orientation sexuelle. C'est un long chemin où l'on se découvre, souvent même depuis la petite enfant.

Et toi, si au final, si tu adores les animaux, que tu adores observer les tigres au zoo et que le fond d'écran de ton téléphone est un tigre : cela ne fait pas de toi forcément un tigre. Tu peux être animal-hearted ou animal-linker (voir mes autres articles). Et ça, c’est aussi "cool" qu’être thérian, différent, mais aussi "cool" –si tu en doutes- (je dis "cool" car beaucoup trouvent qu'avoir une identité animale à la Twilight, c'est "so d4rk").


Il arrive aussi que certaines personnes thérianthropes décident de modifier leur apparence physique pour se rapprocher de leur thériotype. Ils peuvent porter des accessoires comme une fausse queue ou des crocs en plastique (on appelle ça des "gears"). D’autres vont faire des tatouages en lien avec leur animal. Enfin, certaines personnes décident de faire des modifications plus lourdes ou Bod Mod (implant de fausses vibrisses, opération des oreilles pour changer leur forme etc.).
Cependant, cela est beaucoup plus rares et les cas connus se comptent sur les doigts d’une patte. Enfin, porter des fausses oreilles ou un collier de chien n’est qu’un "bonus". Beaucoup de thérians décident de ne pas le faire. Ce ne sont pas ces objets qui font qu’un thérianthrope est thérianthrope.


Bref !
Tout les individus sont uniques, quelque soit leur vécu et leurs expériences. Certaines personnes trouvent cela risible ou bizarre. C’est peut être le cas mais l’identité de ton proche reste sincère, profonde et réelle. C’est juste une manière d’exprimer son identité la plus intense. Et tu sais quoi ? Ton ami doit réellement avoir confiance en toi pour t’avouer ce ressenti intense et te dévoiler ce secret. Et la meilleure chose que tu puisses faire, toi, c’est d’accepter ton proche comme il est… Et de continuer à l’apprécier tout autant !

(je peut enfin utilisé ce smiley, YES ! )
Quel article incroyable !
Merci beaucoup pour le partage. Il est vraiment très complet.
C'est jamais facile de parler de ça au gens et d'être pris au sérieux. Beaucoup pense qu'on débloque ou qu'on cherche à se rendre intéressant, ou à se chercher une vie. Ils devraient pouvoir lire ça.
Je trouve que beaucoup de chose dont tu parle peut aussi s'appliquer aux otherkin.
J'aimerai bien pouvoir lire aussi les articles dont tu parle sur les animal-hearted à l'occasion.
En tout cas, j'approuve totalement !

Coucou ! Merci énormément pour ton message, ça me touche beaucoup et ça m'encourage pour publier encore plus d'articles ici ! Je ferai d'autres posts très prochainement !

J'ai hâte de pouvoir les lire alors !

En effet, merci pour ce super article !
Parler de son alter-humanité à nos proches et toujours quelque chose de tentant, surtout lorsqu'on se découvre. On a envie de le partager avec les personnes qui comptent pour nous, mais c'est assez délicat d'en parler à des gens qui ne sont pas directement concernés et qui pourraient ne pas tout comprendre. Pas évident de savoir par avance comment elle vont le prendre. Mais ça peut pourtant vraiment faire du bien d'en parler.

Avant de sauter le pas, il est important de bien y réfléchir et de savoir ce qu'on va dire. En effet, ce n'est pas quelque chose de très courant, et si on balance de but en blanc "voilà, je suis tel ou tel animal/créature" sans savoir trop comment l'expliquer derrière, ça peut conduire à des réactions négatives.

Je pense qu'il pourrait être judicieux d'amener le sujet doucement. Déjà pour s'assurer de l'ouverture d'esprit de la personne en face, mais aussi, pour introduire en douceur notre alter-humanité.
Personnellement, les rare fois où j'en ai parlé à des personnes de mon entourage, j'ai commencé par aborder des choses que tout le monde peut comprendre, comme par exemple une sensorialité différente (comme le texte en fait mention), ou du fait de se sentir différent, comme un étranger dans cette société, ou encore des sensations des membres fantômes, etc.
Puis petit à petit, expliquer que, parce que je ressens tel truc, que je me sens de telle façon, que je suis comme-ci où comme ça, celà m'amène à ne pas me reconnaître dans l'espèce humaine et de chercher mon identité ailleurs.
Je ne sais pas si c'est la meilleure façon de faire, mais c'est de cette façon que je m'y suis pris, et, pour moi, ça a plutôt fonctionné.

Je ne pense pas parler de mon alter-humanité à mes proches pour le moment. Mais, si ça doit arriver un jour, ce bel article pourra aider. Merci

Je suis ravie si j'ai pu aider !

Dans mon cas, il y a 8 ans à peu près, j'ai parlé à ma mère de ma thérianthropie (j'étais encore mineure à l'époque), d'un coup et sans prendre de pincettes (surtout que j'avais pas mal de préjugés et je croyais à un tas de clichés sur l'alter-humanité au début) ! J'avoue que sortir "Je suis l'esprit d'un renard dans un corps humain, (je pensais être une sorte de réincarnation de renarde au début), durant mes shifts mon âme de renard devient agressif et je mord, et j'ai une queue invisible"... c'était pas trop une bonne première approche (elle l'a très mal pris).
Comme vous dites, il faut y aller doucement, ne pas tout déballer d'un coup et s'assurer que la personnes concernée est suffisamment ouverte et bienveillante !

Maintenant, j'essaye de sensibiliser les jeunes thérians pour éviter que cette situation trèèèèès gênante se reproduise !

Et c'est tout à ton honneur. C'est vrai qu'il vaut mieux éviter de présenter ça comme ça. D'autant plus à une personne qui n'a jamais entendu parler d'alter-humanité.
Le choix des mots et la manière de l'expliquer sont très importante pour recevoir un bon accueil.
Ce n'est pas tout à fait la même chose, mais ça me fait penser à ce que je disais sur le sujet à propos de la recherche de mon kintype. A savoir que, quand on a une identification qui peut varier rapidement du tout au tout, il vaut mieux prendre le temps de bien expliquer pour être pris au sérieux (et ce, même avec d'autres alter-humains).